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Actualité

GVA 08: accident d'avion simulé sur sol vaudois

Par Tania Bonamy

Après un accident d'avion, il n'y a pas que les forces d'intervention qui sont sur place. A l'arrière-plan, il importe de coordonner les opérations et ce dans un contexte à la fois chaotique, chargé d'émotions et particulièrement médiatisé. En décembre dernier, l'état-major de conduite du canton de Vaud a effectué un exercice sur la base de ce scénario.

En organisant les 4 et 5 décembre 2008 l'exercice "GVA 08", placé sous la supervision du Comité directeur pour l'organisation et la coordination en cas d'événements majeurs et de catastrophes (CODIR ORCA), le canton de Vaud s'était fixé pour objectif d'évaluer les structures et les processus de travail de l’Etat-major cantonal de conduite (EMCC) de même que le bien-fondé des mesures de coordination. Il s'agissait par ailleurs d'examiner l’unité de doctrine entre les différentes composantes de l’EMCC.

 

Le scénario

Un avion MD 90-30 décolle de Genève à 06:30 à destination de Tanger, avec 82 personnes à bord. Cinq minutes après le décollage, l’équipage annonce un dysfonctionnement grave et entame un atterrissage d’urgence. Mais la situation se dégrade rapidement (incendie) et l’appareil devient incontrôlable. Perte d’altitude, dislocation et chute de l’appareil dans la région de Nyon. Les conditions météorologiques générales s’aggraveront au fil des heures (fortes chutes de neige, vent).
Deux communes vaudoises de La Côte sont gravement touchées par les débris. On déplore des morts, aussi bien des passagers que des personnes au sol. Un poste de distribution électrique est endommagé, les axes de circulation (routes et rail) sont bloqués et divers incendies ont éclaté. On prévoit une contamination radioactive locale, avec pollution possible du sol et des eaux.

 

Situation hautement complexe

Voici les premiers enseignements retenus peu après l'exercice:
  • Dans une situation aussi complexe, la mise sur pied d’un état-major à l’échelle du canton s’avère essentielle pour appréhender les problèmes liés à l’intervention (collaborations, acheminement des renforts, etc.).
  • L’identification des partenaires doit être complète (tâches, structures et procédures). Cela permet d’éviter des confusions et une perte de temps. Idéalement, les personnes pouvant être amenées à collaborer en situation de crise devraient se connaître préalablement.
  • L’importance d’un service de renseignement étoffé et permanent a été également soulignée par l’exercice: le flux d’informations spontané et la recherche de renseignements significatifs nécessitent un processus de récolte et de triage très performant.
  • Le processus de communication (public, médias) démarre quelques minutes après la catastrophe déjà. Il doit être maîtrisé et cela implique une montée en puissance très rapide d’une équipe professionnelle.
  • L’activité de l’EMCC s’inscrit dans un cadre d’emblée fortement émotionnel et médiatisé. Il est donc indispensable de conserver une certaine distance avec l’événement afin de préserver toute sa liberté de manœuvre.
  • Enfin, les structures et le processus de travail de l’EMCC doivent être efficaces. Cela exige une "épine dorsale" de professionnels généralistes capables de fixer le cadre concret dans lequel les spécialistes non entraînés au travail en état-major pourront travailler de manière efficiente.
Les observateurs de l’exercice (partenaires, médias, etc.) ont relevé le haut niveau de compétence des membres de l’EMCC. Les longs mois d’élaboration de «GVA 08», le vécu de cet événement et le bilan immédiat ont souligné l’excellente collaboration avec les partenaires de la Protection de la Population. A côté des partenaires cantonaux vaudois, des intervenants du canton de Genève (Aéroport international de Genève/SSA, EM OSIRIS cantonal), des organes fédéraux (principalement OFPP, Armée, Bureau d'enquête sur les accidents d'aviation BEAA) ainsi que des intervenants privés (CFF, Romande Energie, REGA, divers spécialistes, médias) ont également été étroitement associés à cet exercice.