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Le test des sirènes, et après?

Par Olivia Dobay
Vincent (au premier plan) et son collègue Stéphane en pleine réparation d’une sirène à Cheseaux.
Vincent (au premier plan) et son collègue Stéphane en pleine réparation d’une sirène à Cheseaux.
Le premier mercredi de février à 13h30, la Suisse entière vibre au son des sirènes d’alarme à la population. Mais que se passe-t-il une fois le test terminé?
 

Le test des sirènes se déroule selon un programme bien précis: 13h30, déclenchement à distance via le système Polyalert de commande à distance, puis déclenchement manuel par les membres de la Protection civile vaudoise (PCi-VD). La même danse est répétée pour l’alarme eau, bien que cela ne concerne que 5 sirènes combinées (qui peuvent émettre le signal d’alarme générale ou d’alarme eau) sur le territoire vaudois. Les sirènes mobiles et les listes téléphoniques sont également testées par la PCi-VD ce jour-là, tout comme l’alerte via l’application Alertswiss.

Lorsque la sirène est fonctionnelle, c’est-à-dire que les documents remplis par les Organisations régionales de protection civile (ORPC), ainsi que les systèmes de contrôle de la Confédération confirment que le déclenchement à distance ainsi que le déclenchement manuel se sont déroulés comme prévu, l’histoire s’arrête là, du moins jusqu’au prochain test.

Mais lorsqu’un problème est relevé, une équipe du Service de la sécurité civile et militaire (SSCM) du canton de Vaud est dépêchée sur place pour réparer la sirène. L’Office fédéral de la protection de la population (OFPP) accorde un délai de deux mois aux cantons pour effectuer les travaux nécessaires et rendre le parc opérationnel à 100%. Sur le territoire vaudois, Vincent Delacrétaz, chef de la section télématique du SSCM, est responsable avec son équipe de leur entretien. 

Si la population ne se soucie en général des sirènes qu’une fois par année, Vincent et ses équipes veillent sur elles en permanence. En effet, même s’ils ne sont pas sonores, des tests sont conduits tout au long de l’année. Ils permettent de vérifier que la sirène est toujours bien connectée au système de déclenchement à distance et qu’elle réagit correctement aux sollicitations.

Et que se passe-t-il en cas de dysfonctionnement? "Une grande partie des pannes touchent les résonnateurs, donc la partie visible de la sirène, celle qui produit du son. C’est pour cette raison que les retours auditifs que nous fournissent les ORPC sont si importants. Il arrive que les sirènes soient bouchées, par exemple par un nid de guêpes." Suivent ensuite les pannes touchant l’alimentation du système, c’est-à-dire le transformateur qu’on trouve dans le boitier au bas de la sirène. 

Réparation du résonnateur de la sirène, la pièce qui permet de produire du son.

Réparation du résonnateur de la sirène, la pièce qui permet de produire du son.

Il arrive également que des pannes soient causées par des circonstances externes comme des travaux ou des erreurs de manipulation. Parfois, une sirène ne répond plus dans le système, et en se rendant sur place on découvre qu’elle n’est plus là car elle a été démontée en raison d’un chantier!

Le suivi de la couverture des sirènes fait également partie des responsabilités de Vincent Delacrétaz: "Lorsqu’une sirène est mise hors service, pour cause de travaux par exemple, nous nous coordonnons avec l’ORPC compétente pour adapter les parcours des sirènes mobiles. Nous devons aussi nous assurer que celle-ci est bien remise en service lorsque cela est de nouveau possible. Nous veillons également à ce que le parc de sirènes suive la densification du territoire, car l’entier de la population vaudoise doit pouvoir être avertie en cas de danger."

 

Rôle et missions de l’administrateur cantonal Polyalert 

Le parc de sirènes est également géré par Jean-François Christen qui est administrateur cantonal Polyalert depuis 2007, date de son entrée en fonction au sein du SSCM en tant que chef de projets techniques et télématiques. Quand il s’agit des sirènes, son année est également rythmée par le test du premier mercredi de février. En effet, c’est lui qui rédige et donne l’ordre général, notamment à la PCi-VD, de tester l’alarme à la population. 

Le déclenchement de chaque sirène fixe est attentivement suivi par Jean-François.

Le déclenchement de chaque sirène fixe est attentivement suivi par Jean-François.


Bien qu’il ne déclenche pas l’alarme à distance lui-même, Jean-François agit comme un chef d’orchestre ce jour-là. Assis dans une salle de conduite, il garde un œil attentif sur les écrans et s’assure que chaque sirène s’enclenche au bon moment. A la suite du test, il compile les résultats, c’est-à-dire qu’il confronte ses observations avec celles des ORPC, les saisit dans le système Polyalert et les transmet à l’OFPP. Il établit aussi la liste des tâches et réparations qui devront être effectuées par Vincent et son équipe. 

Chaque point représente une sirène fixe. Les zones non-couvertes sont comblées par les parcours des sirènes mobiles.

Chaque point représente une sirène fixe. Les zones non-couvertes sont comblées par les parcours des sirènes mobiles.

Le test des sirènes se prépare en novembre déjà, avec la planification et l’ordre général qui est transmis à la Centrale vaudoise police (CVP), à la Protection civile vaudoise, ainsi qu’aux barragistes. Un courrier est également envoyé aux propriétaires d’immeubles sur lesquels se trouvent une sirène, pour la plupart des communes. Le reste de l’année est occupée avec des tâches plus administratives comme la tenue de la base de données ou les demandes de financement à l’OFPP pour le remplacement ou l’ajout d’une sirène. 

Après plus de 15 ans comme administrateur cantonal, et bien que ce rôle n’occupe qu’environ 10% de ses activités au SSCM, Jean-François reste un fervent défenseur des sirènes, car ce système reste un des seuls moyens de capter l’attention de la population en cas de catastrophe. Il apprécie également le rôle de précurseur que tient le canton de Vaud dans ce domaine, un des premiers cantons à installer des boitiers extérieurs au pied des sirènes, un dispositif que l’OFPP a maintenant rendu obligatoire dans tout le pays. L’avenir lui réserve aussi plusieurs défis intéressants: l’augmentation du bruit ambiant ou l’avancement des techniques d’isolation phonique dans les bâtiments sont autant de facteurs dont il faut tenir compte dans la gestion du parc de sirènes.

Un dernier point sur lequel Vincent et Jean-François se rejoignent, c’est le plaisir de sillonner le canton et de découvrir les recoins parfois cachés où les sirènes sont placées, ainsi que la diversité et la richesse des rencontres qu’ils sont amenés à faire dans le cadre de leur fonction.

Le test des sirènes est monitoré au SSCM par Jean-François, entouré de ses collègues de la télématique, de la protection de la population et de la Protection civile vaudoise.
Le test des sirènes est monitoré au SSCM par Jean-François, entouré de ses collègues de la télématique, de la protection de la population et de la Protection civile vaudoise.

 

Différence entre alarme générale et alarme-eau 

La première différence entre l’alarme générale et l’alarme-eau est acoustique: l’alarme générale consiste en un son oscillant régulier d’une minute; le son de l’alarme eau se caractérise par douze sons bas de 20 secondes chacun séparés par des intervalles de 10 secondes.

L’alarme générale est déclenchée lorsqu’un danger menace la population comme par exemple en cas de catastrophe ou de situation d’urgence d’origine naturelle, technique ou anthropique.

L’alarme-eau, quant à elle, est déclenchée en cas de rupture d’un barrage et implique que les zones concernées doivent immédiatement être évacuées selon les directives et consignes des communes. 

En principe l’alarme-eau est toujours précédée d’une alarme générale. En cas d’inondation ou de crue, c’est l’alarme générale qui est émise et non l’alarme-eau (déclenchée seulement en cas de rupture de barrage).

Que faire en cas d’alarme générale?

En cas d’alarme générale, il convient d’écouter la radio ou la télévision, de suivre les instructions des autorités et d’informer ses voisins.

En cas d’alarme-eau, la population doit quitter sans délai la zone menacée. Dans les secteurs concernés, les communes informent le public préalablement par le biais d’aide-mémoire au sujet de l’alarme-eau et, en particulier, des possibilités de se mettre à l’abri et des directions et sens d’évacuation.