Depuis mi-février 2021, une partie des équipes formées pour la vaccination en EMS a été mutée pour épauler les centres médicaux-sociaux. Leur mission : seconder les infirmiers et les infirmières du CMS dans leur mission de vaccination à domicile. Une affectation qui, si elle ne demande pas de nouvelle formation pour nos piqueurs, change tout de même radicalement le quotidien. Nous avons œuvré au cœur du dispositif et partagé les journées de ces astreints et de ces professionnels de la santé pour témoigner de leur engagement.
Une mission techniquement délicate
Actuellement, en Suisse, seuls les vaccins des laboratoires Pfizer et Moderna sont disponibles et utilisés. Comme on le sait, ces deux vaccins qui fonctionnent avec l’ARN messager doivent être conservés dans des congélateurs extrêmement froids – proche de -70°C – pour une conservation longue. Ils tiennent ensuite quelques jours dans un congélateur normal et plus que quelques heures une fois reconstitués et préparés dans des seringues. C’est pour cette raison que la logistique est délicate dans le cadre de cette mission.
Deux fois par jour, en début de matinée et d’après-midi, les binômes PCi-CMS passent à l’hôpital le plus proche (Yverdon, pour le Nord) récupérer les seringues qui doivent voyager dans une glacière maintenue à quelques degrés au-dessus de zéro. Une seconde difficulté – qui découle directement de la nécessité de conserver la substance au frais – consiste en l’instabilité de cette dernière. L’ARN messager est une molécule très instable qui ne supporte pas d’être secouée. La nécessité d’être deux apparait dès lors évidente : une personne (en principe, l’infirmier ou l’infirmière) conduit la voiture du CMS et une personne (l’astreint de protection civile) porte la glacière, anticipe les chocs et s’assure que la matière première est conservée tant au frais qu’au calme.
Une aide bienvenue pour les CMS
Arrivé chez la personne, la présence du binôme est tout aussi bienvenue. L’infirmière connait souvent les patients et les rassure puis s’occupe de leur prendre la température. Pendant ce temps, l’homme de la PCi met en place le matériel : désinfection de la table, pose d’un champ stérile, préparation du coton désinfectant, de la compresse, du pansement et des gants en latex.
Une fois que tout est prêt, la vaccination peut être effectuée – de la main de l’astreint lorsqu’il a été formé en amont. Bien souvent, les astreints qui assistent le professionnel du CMS sont des vétérans des équipes mobiles rompus à cet exercice et effectuent ce geste maintes fois répété avec sérénité. Ne reste alors plus qu’à patienter un quart d’heure avec le patient, au cas où un éventuel choc anaphylactique – réaction allergique sévère – surviendrait dans ce délai. Fort heureusement, de telles réactions sont extrêmement rares : on les estime à une occurrence sur 500'000 injection.
Là aussi, on est mieux à deux : une personne discute avec la personne âgée pendant que l’employée du CMS remplit le dossier électronique du patient et la base de données vaudoise de vaccination vacovid. En cas de pépin côté patient, la nécessité d’être deux parait évidente. Une aide précieuse, donc, qui est fort appréciée des infirmiers, infirmières et des cadres de l’AVASAD (Association Vaudoise d’Aide et de Soins à Domicile).
Vacciner les personnes les plus vulnérables
On l’a compris, cette opération requiert une organisation précise et minutieuse. La mise en place d’un tel dispositif représente par conséquent un coût non négligeable pour le canton. C’est pour cette raison que seules les personnes les plus vulnérables peuvent bénéficier de cette prestation.
Le profil des patients vaccinés à domicile ? Dans l’écrasante majorité, nous avons à faire à des séniors de plus de 75 ans qui éprouvent de la difficulté à se déplacer, ce qui rendrait une visite à l’hôpital ou au centre de vaccination compliquée. Ces personnes souffrent également parfois d’autres pathologies telles que maladies chroniques (diabète, hypertension, BPCO…) ou problèmes cardiaques.
À nouveau, la mobilisation de la Protection civile vaudoise offre l’opportunité aux miliciens de vivre une expérience hors du commun. Ce n’est pas tous les jours que l’on rend visite à des inconnus – parfois jusqu’à 10 fois par jours – pour leur offrir ce que beaucoup perçoivent comme une porte de sortie à la crise que l’on traverse.
Autant dire que cette visite est souvent perçue comme providentielle par la plupart des patients vaccinés.